concepts glissants
Mon adorable petit lecteur,
Je suis sûre qu'à toi aussi il est déjà arrivé de douter de l'existence d'un mot à force de le répéter. Mais si, tu sais, cette impression étrange que, non, c'est trop absurde, c'est sûr c'est moi qui ai inventé cette combinaison de lettres, ce mot ne veut rien dire, je crois que je suis folle. Tu sais ce truc qui arrive surtout avec les plus ridicules, genre crochet, bêler, bulbe ou, tiens donc, blog (je me demande souvent comme est venu l'idée de ce terme saugrenu à l'inventeur de mot concerné).
Le fait est que voilà, je crois (j'espère) qu'il est déjà arrivé à la plupart des gens de détacher le mot du concept, ne serait-ce qu'un instant.
Eh bien figure toi, que ce truc là, du détachement du concept, je le fais aussi, non seulement sur des choses matérielles (une fois, j'ai réfléchi à l'idée à la beauté d'un oeil en imaginant vraiment juste l'objet, le globe oculaire blanc, veiné , gluant avec juste une tâche de couleur sur le devant... Pendant un moment, j'ai eu peur de ne jamais pouvoir regarder les yeux des gens de la même façon, de ne plus pouvoir me dire ""oh mon dieu ces yeux vont me tuer". Le corps en général, quand j'y pense, me parait terriblement bizarre, complètement incongru.
Et parfois ça glisse sur les comportements, l'idée de couple par exemple peut me paraître, si je réfléchis de loin, tout à fait ridicule.
Et quand viennent les soirs où s'immiscent les insidieuses angoisses, c'est la vie entière qui me parait vide, absurde, totalement dénuée de sens. Qu'est ce c'est que ce truc si vite disparu? Cette agitation qui nous mène qu'à crever?
Heureusement, ça ne m'arrive pas tous les soirs.