C'est la lutte finale
Mon petit lecteur des bois jolis,
Je me rends bien compte qu'au fil des mois tu t'es fait une image idylique de ma personne, que tu crois que ma vie est facile, que ma blondeur et mon esprit affuté me permettent de mener de front une existence réussie, tant professionnelement que sentimentalement. Tu as bien remarqué que j'avais quelques lacunes au niveau de la conjugaison, voir de l'orthographe mais tu te dis que, oh, chez une persone si merveilleuse, quelle importance finalement d'avoir encore du mal à différencier le futur du subjonctif?
Alors oui, da, certes. Je suis blonde et à l'oral personne ne sait que quand je dis je mettrai, en fait je pense je mettrais. Oui, certes.
Mais tu sais mon petit arc en ciel de l'aurore, parfois, cela ne suffit pas.
J'ai eu dernièrement plusieurs fois l'occasion d'aborder un sujet qui me contrarie tout au fond de mes tripes de jeune parisienne qui a une grande gueule mais pas trop quand même enfin ça dépend avec qui.
Là, par exemple, je reviens d'un pot tardif entre collègues (pour fêter le départ dune fille que j'aime bien. Les choses sont si bien faites. Dans deux semaines une autre fille que j'aime bien s'en va. Les choses sont SI bien faites) et figure toi que j'en ai de nouveau parlé avec une collègue que j'aime bien (celle qui s'en va dans deux semaines donc)(si tu suis pas, c'est normal, moi aussi j'ai perdu le fil) et qu'elle avait le même discours que moi. Ce qui serait rassurant si ça ne confirmait pas le fait que je sois légèrement dans la merde.
On m'a dit plusieurs fois dans ma vie pseudo adulte, que si j'avais tant de mal avec les hommes c'est que je n'avais pas l'air assez fragile. Et je t'assure pourtant que l'étendue de ma musculature n'inquièterais pas le plus frêle des informaticiens. Non. Quand on me dit que je n'ai pas l'air assez l'air fragile , ce n'est pas au niveau humain, c'est au niveau féminin. Car, crois moi, de la fragilité humaine, j'en ai. Le petit coeur en sucre de la romantique innassumée, la tête cassée de l'enfance un peu compliquée, je l'ai.
Non, ce qu'on me reproche c'est de ne pas avoir peur la nuit, quand je traverse Paris pour rentrer chez moi. Ce qu'on me reproche c'est de n'avoir besoin de personne pour ouvrir les bocaux de cornichons, pour porter les valises trop lourdes, pour saisir un tournevis et réparer ce qui semble cassé. Ce qu'on me reproche c'est d'être capable de pouvoir faire les choses sans l'aide d'un homme. Il paraît que c'est dur pour ces petits êtres de ne pas avoir besoin de me protéger. Il paraît que je ne suis pas vraiment une femme si je me débrouille toute seule.
Alors, que les choses soient claires.
Je n'ai pas besoin qu'on me protège.
Je n'ai pas besoin qu'on porte mon sac, qu'on me tienne la porte, qu'on me raccompagne, qu'on remplace mes ampoules pétées.
Ce dont j'ai besoin c'est un peu d'amour et de partage.
Ce dont j'ai besoin, c'est qu'on me prenne pour un être humain qui a la chance d'avoir des seins (aussi petits soient-ils).
Un être humain qui pense, qui danse et qui aime qu'on l'aime.
Un être humain qui aimerait qu'on l'aime pour ce qu'il est, ni plus, ni moins.
Le problème, vu qu'apparement c'est un problème, c'est qu'il semblerait qu'on attende de moi que je sois une fille avant d'être une personne.
Le problème, c'est que les gens qui m'entourent, peu importe leur sexe, pensent apparemment qu'il est nécessaire de jouer le rôle qu'on leur a donné. Qu'une femme qui ne met pas de jupe et n'a pas peur des petites bêtes n'est pas vraiment une femme, et, de ce fait, doit absolument changer si elle veut un jour espérer attirer le regard du sexe fort (hahaha)(ceci dit, moi je mets des jupes hein, c'est juste pour expliquer mon propos).
Alors, puisqu'il faut le dire, je le dis une fois pour toute : je préfère crever seule avec mes chats plutôt que de jouer à ce jeu qui ne me convient pas.
Cordialement,
Je vous emmerde.